Et oui à bicyclette, on pédalait vent dans le dos...sur notre "Miri"

 

1981,   Chers vous tous,

Traversée de l'atlantique

A l'heure où je commence à vous écrire, nous sommes à une latitude
de 17°N et une longitude de 42°304W, ce qui correspond + avec le
milieu de l'atlantique.

Je profite de cette traversée et d'un bateau qui ne roule pas de trop pour vous donner ces quelques nouvelles du "Miridrouchba".

Cela fait une quinzaine de jours que nous avons quitté Dakar en compagnie de Vincent ( frère de Mireille) et de Marie-Jeanne (sa tante). Nous avons atteint les îles du Cap Vert après une navigation un peu lente puisque nous avons mis 5 ½ jours, mais tellement confortable avec un vent de force 2 à 3. Nous avons aussi eu la chance de bien pêcher pendant cette première étape : 1 thon, 4 dorades dont 3 de plus de 1m de long et un espadon qui nous a échappé au dernier moment. Je ne vous cacherai pas que nous avons à bord deux fins cordons bleus qui nous les ont mis à toutes les sauces. Mireille en a aussi séché et mis en conserve pour le reste de la traversée. En d'autres termes on n'a pas fini d'en voir de la dorade.
SUITE Traversée de l'Atlantique Nos équipiers et nos équipiers...

CAP VERT

Nous avons instauré un nouveau journal de bord où en plus des indications pour la navigation, nous notons aussi nos diverses impression, et puis quelques photos. C'est ainsi que je vous recopie "Les Îles du Cap Vert"par Marie-Jeanne :

Dernier quart avant d'arriver aux îles du Cap Vert. Il reste 30' de quart quand je crois rêver. J'aperçois 1 île, 2 îles, 3 îles… Deux minutes plus tard, branle-bas général, tout le monde est sur le pont. Vincent fait son premier (mais son non dernier) relèvement. Pierre change d'amure, Mireille barre et je fonce à la cuisine préparer une omelette. Barbara se réveille et rêve devant toutes les plages qui défilent. Tout est aride, sec et gris. Il paraît qu'il y pleut 2 à 3 jours par an. Nous l'avons eu la pluie… du moins quelques gouttes ! Balade dans l'île et au Monte Verde : toujours aussi aride. Puis promenade sur une jetée où les vagues de l'océan tombent de haut. Barbara a fait des pâtés sur une plage de sable noir…

Pour les vivres fraîches, légumes et fruits, on ira plutôt à notre prochaine escale et on arrosera cela d'un "ti-punch".

Et nous voilà reparti, cette fois avec un bon vent. Comme c'est souvent le cas entre les îles, nous avons un force 6 qui nous pousse à 7 nœuds. (pas de problèmes : t is niet de wind van achter). A peine passé les îles, ce vent tombe et nous laisse une houle croisée qui nous fait rouler bord sur bord. Malgré les talents de Mireille et de Marie-Jeanne, nos appétits ne furent pas ceux d'un ogre ce soir là; et il faudra attendre un jour ou 2 pour parler de croisière gastronomique.

 

Les Canaries

Je voudrais faire un saut en arrière de presque 1 an pour reprendre notre voyage depuis les Canaries. Nous sommes fin janvier à Las-Palmas (Gran Canaria) où maman Clabots vient de nous quitter. Nous restons quelques temps à Las Palmas en compagnie d'amis allemands et français avec qui nous visitons l'île, et nous passons quelques soirées mémorables.

Nous avons trouvé un endroit intéressant pour caréner le bateau, sur l'île de Ténériffe. Nous quittons Las Palmas le jour où arrive Karrek-Ven que nous croiserons encore quelques fois.

Ténériffe est à une petite journée de Las Palmas, mais le vent dans le nez nous a rallongé la route et nous n'arrivons qu'à la tombée de la nuit devant un port de pêche dont les feux ne fonctionnent pas. Le lendemain, nous appareillons pour Radajul – petit port de plaisance à
8 milles de Santa Cruz de Ténériffe: là où nous devons caréner.

C'est toujours un peu prenant de voir sortir son bateau de l'eau. Barbara a pleuré à grosses larmes : elle ne comprenait pas ce qui se passait avec sa maison. Il nous a fallut une dizaine de jours de travail sérieux pour caréner, peindre et faire un tas d'autres bricoles importantes. Mais notre séjour à Radajul a largement dépassé 3 semaines.

Nous avons participé pendant plusieurs jours au carnaval de Ténérife, qui était merveilleux de couleurs, de costumes, de défilés. Nous nous sommes aussi fait un tas de copains espagnols, qui nous ont fait visiter le pays et nous ont invités à des barbecues à la campagne.

Ténérife reste à mes yeux la plus belle des îles canariennes; elle a l'eau en suffisance et est très diversifiée. Le Nord est verdoyant et montagneux, on se croirait en Suisses aux mois d'été, rien ne manque au tableau : Imaginez des vaches dans une prairie entourée de bois avec en arrière plan le Teide enneigé. Surprenant avec le sud qui est sec et aride. On y a remplacé les prairies par des plages entourées de rochers et les vaches par des ânes. Il reste seulement le Teide pour nous rappelé Ténérife.

Carte de iles Canaries

 

La population canarienne ne nous dépayse pas fort de l'Europe; si ce n'est que les gens sont moins pressés, courtois et très aimables. C'est ainsi que l'on vous accompagne pour vous indiquer le chemin, ou encore, les voitures s'arrêtent lorsqu'un piéton fait mine de traverser? Le premier dimanche de mars nous avons fêté l'anniversaire de Barbara. Nous avions invité nos quelques copains espagnols (de Radajul). Il était prévu + 15 personnes. C'était très réussi, Barbara a reçu plein de cadeaux et puis elle s'est amusé comme une petite folle. Elle adore faire la fête. Mais cela ne s'est pas terminé là : plus on s'amusait, plus il y avait de monde qui rappliquait. On s'est retrouvé finalement à plus de 60 personnes autour du bateau fraîchement repeint, nous faisant un peu d'ombre sur le quai. Cela a duré jusqu'au soir.

En nous quittant, certaines personnes m'ont félicité pour l'achat de mon bateau, ne sachant pas que c'était l'anniversaire de Barbara. Ils croyaient qu'on fêtait l'inauguration du "MIRI" !
Voilà que notre bateau était très beau dans son nouveau costume, net comme un sou neuf, mais pas pour longtemps. Ils manquaient d'expérience avec leur nouveau travel lift et le bateau a dérapé à mainte reprise, ce qui a endommagé sa peinture fraîche. Enfin, c'était un moindre mal, on a eu bien peur de le retrouver couché au sol.

Nous avons quitté Radajul au moteur, pas un pet de vent, et 3 milles plus loin, voilà des rafales à 32 nœuds qui nous tombent de la montagne.

Nous étions au bon plein, et ce vent très près de la côte ne lève pas de mer. Après un carénage, c'est un remerciement de voir filer son bateau aussi vite; le "MIRI" a dépassé les 8 nœuds de moyenne. Nous avons rejoint le port de pêche de Ténérife. Nous nous sommes mis (pour pas changer) à couple de Karrek-Ven (un ancien thonier sur lequel naviguent des adolescents). Là, nous avons fait le plein en eau et en vivres en prévoyance des vacances de Pâques que nous passerons en compagnie de Luc, Bernard, Fabienne et Brigitte (le frère de Pierre et sa famille). Nous avons encore un peu rayonné à Ténériffe et Las Palmas, pour les attendre finalement à Los Chritianos , où nous avons aussi retrouvé la plupart des copains bateaux.

Il pleut très rarement au sud de Ténériffe. Luc et Brigitte étaient là depuis 1 heure à peine qu'il pleuvait!!! Je ne pourrais pas mieux décrire leur séjour qu en vous donnant un extrait du livre de bord, texte intégral de Brigitte.

 

"Mercredi 15 avril"
Mireille, on te souhaite un bon anniversaire. Nous sommes déjà à bord depuis 10 jours! Que d'aventures !

Nous sommes donc arrivés dimanche 5 avril à 3h du matin. Deux jours magnifiques et ensoleillés à Los Christianos. Encouragés par le beau temps, nous décidons de naviguer vers Gomera : journée magnifique en pleine mer, bon vent et plein soleil ! Arrivée à Gomera vers 17h. Le temps d'amarrer, de faire un petit tour (les hommes) et de faire à souper (les femmes), et il est déjà 19h30 quand on se rend compte qu'il y a une houle terrible ! En un temps, trois mouvements, nous voilà repartis vers La Palma. Et bien ! Vous ne me croirez pas, nous ne sommes arrivés que 24h plus tard!!!

Tout d'abord, première surprise , la toilette est foutue… Nous vivons donc les jours à venir "avec un seau"

Deuxième surprise : à 9h du soir, et en pleine mer, le vent est très fort; la mer est houleuse. Nous passons donc notre première nuit de navigation pas confortable du tout!!! On s'en souviendra… Au petit matin, revoilà le soleil, mais plus de vent. C'est le calme-plat face au port de Santa Cruz de La Palma: nous mettrons la journée entière pour y rentrer.

En effet, raffinement suprême : à 9h du matin le moteur a dit zut !

Et à 11h, catastrophe des catastrophes : l'étai (foc enrouleur à l'avant) casse net. Deux voiles sont déchirées et la pièce en métal se balade à cent à l'heure au-dessus de notre tête. Deux heures plus tard, nous voguons grâce à une petite voile qui s'appelle "la Suédoise" et qui nous conduira finalement à bon port.

Et la vie à quai marche très bien malgré le mauvais temps. Ce matin, nous avons eu la surprise de découvrir près de nous une magnifique vedette américaine. Cela n'a pas duré longtemps avant que nous sympathisions ! Enfin !!! Nous avons pu aller pour la première fois à la piscine du club nautique (il y avait du soleil !!!!!!). Demain matin nous prenons l'avion pour Tenerife ( pour être sûrs de ne pas manquer l'avion pour Bruxelles) Demain nous quittons le Miridrouchba. Au revoir Baby – Au revoir Pierre et Mireille. Malgré les éléments qui se sont ligués contre nous, malgré tous les accidents et tous les ennuis, nous avons passé de très bonnes vacances, que nous n'oublierons JAMAIS !!! Maintenant au moins nous savons 'd'expérience) ce que veut dire "bon vent". Nous vous le souhaitons du fond du cœur. Vous pouvez être assurés que dorénavant au moindre souffle qui agitera notre sapin, dans notre petit jardin, nous penserons à vous et au "Miri".

Leur départ nous a laissés un grand vide les jours suivants, quant à leur souhait de "Bon Vent", il semblerait avoir marqué la fin de nos ennuis.

IL nous a fallu encore 15 jours de coutures sur les voiles afin de pouvoir rejoindre Tenerife.

Pendant ce temps, le seul bateau rencontré à l'île de La Palma ( à ne pas confondre avec Las Palmas à Gran Canaria) a été Karrek-Ven (toujours les mêmes) avec qui j'ai fait une grande balade à l'intérieur de l'île. On s'était munis d'un plan (carte publicitaire) offerte par l'office du tourisme. On s'est paumé au point d'atteindre enfin une route vers 10h du soir de l'autre côté de l'île.

Nous avons quitté "La Palma" ensemble. Deux adolescents ont même fait le voyage à bord du "Miri".

Les deux bateaux se sont retrouvés à Tenerife pour faire les préparatifs d'un nouveau départ; eux remontaient en France, nous descendions au Sénégal.

Traversée : Canaries à Dakar (par Marie-Jeanne)

Afin d'être plus relax dans les quarts, et pour qu'il y ait toujours quelqu'un avec Baby, nous avons embarqué Marie-Jeanne. Je lui laisse le soin de décrire notre première nuit après le départ de Tenerife.

Première nuit, un départ de Santa Cruz mouvementé. La houle chahute le bateau dans tous les sens. Lors d'une prise de ris où la grande voile se bloque derrière le galhauban. Il y a du spectacle. Marie-Jeanne traverse à plat ventre, de part en part, le bateau, accroché au haleba. Mireille fait du rasse-fesse, tirée par la barre. Pierre fait des manœuvres calmement malgré ces fantaisies. On est tous vannés, après cette nuit mouvementée et sans sommeil. Au petit matin chacun est là, un œil ouvert Baby est en grande forme et chahute. Le restant du voyage fut assez relax. Nous avons atteint Dakar après 6 ½ jours soit une moyenne d'un peu plus de 5 nœuds. Il y a juste l'atterrissage qui fut un peu long. Nous avons vu le feu du Cap Vert vers 22h, mais un tuyau venait de céder sur l'inverseur qui patinait déjà. C'est aussi ce moment là que le vent a choisi pour tomber et faire face à la brume. Résultat : nous n'avons jamais vu les feux des Almadies, ni celui du port de Dakar. Nous avons passé la nuit à rejoindre le port de Dakar dans un trafic monstre de cargos et de chalutiers qui rallient le Cap Vert.

Le lendemain vers 9h, nos amarres se fixèrent à quai dans un port puant de mazout. Avant de quitter les Canaries, un ami espagnol nous avait donné une minuscule bouteille de "Chivaz" avec la consigne suivante : "si tout se passe sans aucun problème, il faut la verser par dessus bord; dans le cas contraire, on peut la boire". Et bien, on a trouvé la panne d'inverseur une bonne excuse pour la boire !

DAKAR

Après avoir démonté l'inverseur du bateau, nous l'avons confié à Dakar-Marine. L'inverseur a été démonté par 2 sénégalais pas très au courant qui étaient dirigés par les coopérants français, eux pas au courant du tout. Si bien qu'après être restés 3 semaines dans ce port, baignant dans le gasoil, j'ai demandé à pouvoir remonter et régler le tout moi-même. Ce que j'aurais du faire dès le départ 'on n'est jamais si bien servi que par soi-même!) C'est aussi durant ces trois semaines et donc avec un moteur en panne, que nous avons accueilli papa et maman van Nuijs. Mais ni l'ambiance, ni le séjour en leur compagnie n'en furent gâchés pour autant.

Nous en avons profité pour visiter Dakar, avec ses marchés pleins de couleurs; Gorée, l'île d'où partaient les esclaves pour les Caraïbes (la route du Rhum).

Les villages de pêcheurs, où la pêche encore artisanale se fait avec des pirogues de mer. C'est une ressource importante pour le pays. Et puis, l'intérieur du pays, plus sec et plus aride où l'arachide (achetée en masse par la France) a conduit le pays à une monoculture.

Les parents de Mireille nous ont quittés dans le courant du mois de juin. En début de période d'hivernage, ce sont les 3 mois les plus chauds de l'année. Le Cap Vert perd à ce moment son régime d'alizés, et reçoit à cette période de fortes pluies, quelques fois sous forme de tornades.

Nous avons passé cette période à la bais de Hann en compagnie d'un tas de copains "bateau" qui font à peu près la même route que nous. Bien qu'il y ait un point commun aux gens de bateau, qui est le peu d'enthousiasme à travailler régulièrement, nous avons voulu profiter de l'hivernage pour travailler un peu !

Et bien, cela n'a pas été difficile à trouver ! Je n'ai même pas dû chercher à terre, tellement il y avait à faire sur le "Miri"… Cela nous a bien occupé un mois et demi pendant lequel nous avons même changé les aménagements intérieurs. Ensuite, il y avait pas mal de problèmes sur d'autres bateaux au mouillage. Là, encore une fois, mon outillage m'a fait plein d'amis.

Nous avons tenté de mettre Barbara au jardin d'enfants, afin qu'elle joue avec des enfants de son âge. Elle était très emballée à l'idée d'aller à l'école, mais son enthousiasme est vite tombé quand elle a compris que papa et maman ne l'accompagneraient pas. Son trimestre à l'école n'a guère duré plus de 3 jours.

Elle a aussi eu quelques problèmes de santé : un impétigo (de Toubab – c'est ainsi qu'on appelle les blancs) qui s'est généralisé à cause d'un toubib (français) qui la soignait pour une varicelle ! A peine Barbara fut-elle sortie de ses 3 semaines de maladie que ce fut Mireille qui, malgré la nivaquine s'est tapé une crise de paludisme accompagné de très forte migraine.

Mais ce fut là, la fin de nos problèmes de santé sur le "Miri"; depuis, tout le monde tient la très grande forme. C'est vers, le mois d'octobre que nous avons quitté notre corps mort (1,5T) sur lequel nous avons été amarrés tout l'hivernage, et que nous avons même entraîné sur plus de 100m pendant la plus forte des tornades (rafales à 53 nœud).

Inutile de dire que nous n'avons pas pu débarquer sur la plage ce jour là ! Les rouleaux faisaient plus de 1,5m. C'est pendant ce coup de vent que Baby nous a dit " il faut pas s'en faire, c'est pas une tornade, c'est seulement un p'tit grain " !

Ces 4 mois d'immobilité avaient rendu le "Miri" crasseux, plein d'algues et de coquillages. Nous l'avons caréné en le laissant se coucher sur la plage avec la marée. Ce carénage a été rapidement terminé grâce aux copains venus nous donner un coup de main. Avant de quitter le Sénégal, nous voulions voir la Casamance qui est une rivière, plus exactement un estuaire au Sud du Sénégal (en dessous de la Gambie) Ceci au grand regret de Barbara qui ne voulait pas quitter son ami Olivier (3,5 ans) pour qui elle s'était prise d'un fol amour. Quant à nous, cela nous a fait du bien de nous retrouver à trois.

A Dakar, nous étions continuellement en contact avec des copains"bateau". Il nous fallait bouger un peu…

 

La Casamance

La Casamance est bordée de palétuviers, et l'eau y est trouble et saumâtre. C'est une région très verte; on l'appelle d'ailleurs le jardin du Sénégal. Nous l'avons remonté jusqu'à Ziguinchor, mais en réalité, tout l'intérêt est de remonter ses marigots à la découverte de villages typiques et tout à fait charmants où les gens se nourrissent  de très bons contacts avec les gens qui vivent en brousse et nous avons grâce à eux, découvert une Afrique qui nous a semblé plus équilibré et plus heureuse que Dakar. Nous avons aussi visité une mission tenue par un père hollandais qui vit depuis longtemps ( peut-être même trop !) en brousse (il nous a semblé un peu alcoolique et polygame).

Il nous a donné de longues explications sur les différentes tribus, leurs coutumes et leurs fétichismes.

A Ohoc, nous avons invité pour le dimanche les enfants qui avaient demandé à venir sur le bateau – nous avons eu plus de 50 gosses ! (Tous des garçons nous étions ancrés devant la plage sacrée interdite aux filles)

Avant de quitter le village de Ohoc, j'ai fait comprendre que j'aurais aimé avoir un de ces petits bancs sculptés dans un tronc, que l'on donne aux gamins lors de la circoncision. Le soir même, en revenant d'une promenade, j'ai trouvé le tabouret dans le zodiac.

 

De même à Carabane, un peintre m'a fait cadeau d'une peinture. Ici encore je l'ai remercié du cadeau sans la moindre allusion d'argent.  Cela nous changeait de Dakar, où à part quelques amis, on a souvent l'impression d'être un porte monnaie ambulant ! Nous sommes remontés à Dakar afin de faire, nos derniers préparatifs pour la traversée, et aussi faire nos adieux à tous no amis "bateaux" et Sénégalais.

Traversée de l'Atlantique (voici la suite) Nos équipiers et nos équipiers...

Nous voici revenus à notre traversée… Nous sommes au 11éme jour depuis le Cap Vert. Nous faisons une moyenne de 120 à 140 milles par jour.

Depuis hier, plus près des 120 milles/jour, puisque nous avons dû remplacer notre vieux yankee que nous venons de redéchirer, par la trinquette. Nous naviguons donc grande-voile + trinquette + yankee bricolé. Nous avons aussi trouvé un rythme de croisière, avec les quelques habitudes quotidiennes : déjeuners en cascade, le dernier quart va se reposer. Une première droite de soleil dans la matinée, nous donnera le point avec la méridienne à midi.
Mireille nous fait chaque jour du pain et partage la cuisine avec Marie-Jeanne. Quant à la vaisselle, comme c'est sur le pont, c'est pour les hommes. Nous faisons la plus grande partie des virements de bord l'après-midi.

A part cela, il y a assez peu de manœuvres. Nous lisons aussi assez bien, ou jouons avec Barbara qui ne manque pas d'imagination. Ou alors, nous sommes distraits par un poisson qui vient de mordre à la ligne ou par un bateau qui passe à l'horizon.

Nous avons même croisé un cargo de très près il y a quelques nuits. Nous commençons les quarts après le coucher du soleil; c'est aussi, généralement, le moment où le bateau s'endort.

 

15 janvier 1982,

Je termine d'écrire ces quelques nouvelles dans un bateau qui ne bouge presque plus, puisqu'il est ancré dans un de ces merveilleux mouillages :Now Such Bay en Antigua.

Nous avons découvert les Antilles par la Désirade et LA Petite Terre, 2 îles en face de la Guadeloupe.

Le temps fut très couvert avec des grains consécutifs les 3 derniers jours de la traversée. Cela nous donna que très rarement l'occasion d'utiliser le sextant. Malgré cela, nous n'avons pas regretté le Satnav enfoui au fond d'une cale, puisqu'en panne au départ de Dakar.

L'ancre est tombée dans le port de Point à Pitre en Guadeloupe le 30/12 vers 22h 16 ½ jours après avoir quitté Mindelo au Cap Vert, soit 2.200 milles sur le fond.

L'idée que l'on s'était fait des Antilles n'est pas surfaite. C'est vraiment très joli… et vraiment très cher !

Voilà du moins nos premières constatations. Ce qui nous étonne pourtant un peu, c'est de voir les denrées locales aussi chères que l'article importé.

Tout cela nous fait déjà apprécier ce paradis de la voile. Nous descendrons lentement le long des Antilles pour être au mois de juin à hauteur de Trinidad au Venezuela, où nous passerons probablement la période des cyclones.

Si le cœur vous en dit de partager quelques temps notre vie de bateau, nous vous rappelons que vous êtes tous les bienvenus à bord et que nous nous réjouissons de vous refiler un peu de soleil antillais.

 

                                                            Pierre, Mireille et Barbara du Miridrouchba