JOURNAL DE BORD : AVENTURE DU MIRIDROUCHBA dit "MIRI"
Arrecife, le 19 Novembre 1980
Hello,
Voilà quelques nouvelles du "Miridrouchba"
qui a quitté les Baléares début septembre avec nous trois
à son bord.
Arrivés à Alicante (Espagne),
nous y avons fait escale quelques jours, afin d’y attendre Vincent,
le frère de Mireille, ainsi que notre satellite navigateur en retour
de réparation.
En quittant Alicante, notre but était de rejoindre Tanger en une étape,
où mon frère Luc était de passage le 2 septembre, il
nous restait donc cinq jours.
Nous sommes partis avec un vent d’Est, c’est à dire dans
le nez. A la tombée de la nuit, nous étions à hauteur
du Cap Palos, nous avions organisé les rôles de quarts, mais
attendions d’être sortis de la route des cargos pour commencer
le roulement. Le bateau marche bien, on fait un alignement des deux feux du
cap et descendons (c’est une bêtise !) Tous les deux (Vincent
et moi) dans la timonerie pour faire le tracé sur la carte. Mireille
se reposait avec Baby dans la cabine arrière.
Vincent remonte voir l’évolution d’un cargo qu’il
avait vu sur l’horizon avant de descendre, moi, je compare le point
avec le satellite navigateur, revenu de réparation. Mais je n’ai
plus de crayon,
-Vincent passe moi le crayon STP?
-……………..
-Alors Vincent ce crayon, merde ou quoi???
-…………… toujours rien.
Alors, je sors le chercher et il y a là, Vincent, le souffle coupé.
- On fait route de collision, me dit-il
IL se trouve là, à quelques mètres sur tribord; c'est
peut-être parce qu’il n’est pas chargé qu’il
paraît ENORME.……………..CE CARGO
- -Il faut virer de bord!
- Débranchons le régulateur!
On poussa la barre à fond, Vincent garde le yankee à contre,
pour virer plus vite.
Le cargo se dresse devant nous comme un mur!
Passera????
Passera pas????
Passe pas!!!!!!
C’est sa vague d’étrave qui nous aide à terminer
le virement de bord, mais on cogne avec le bout dehors le côté
du cargo et la sous-barbe du Miri casse! Ensuite, c’est au tour des
barres de flèches du grand mât avec le hauban qui casse, pareil
pour l’artimon et ensuite la coque rebondit côte à côte,
mais elle ne risque rien, c’est du costaud la coque du “Miri”.
—Essayes de lire son nom?
Mais ce n’est pas possible et le cargo continue sa route sans broncher
ni même changer de cap. On essaye alors le radio téléphone
mais le cargo a aussi arraché nos antennes!
Pauvre Miri, qu’est- ce qu’on t’en fait subir. On avait
un manchot avec ses barres de flèches arrachées. On affale les
voiles, heureusement que le mât est encore debout.
Et c’est au moteur que l’on rejoindra Torreviega.
Il nous a fallu une semaine pour rendre à Miri
l’allure d’un voilier.
Une chance, on est bien outillé!
A Torreviega, nous étions le seul voilier étranger de passage,
et deux jours avant la fin de nos travaux, voila un autre bateau qui entre.
"Mais c’est ton copain Georges" : me dit Vincent,
qui avait reconnu le bateau; l’ayant vu au Bryc (à Bruxelles)
On a fêté nos retrouvailles, et c’est ensemble que l’on
reprendra une navigation côtière où l’on trouvera
tous les soirs, un port où nous abriter. (il faut dire que Georges
navigue au moteur; son bateau n’est pas armé comme devrait l’être
un voilier).
Arrivés à Alméria, on retrouve l’ami Sam, perdu
de vue depuis Alicante. Je lui raconte mon histoire de cargo, et le lendemain,
après avoir lu les règlements pour éviter les abordages
en mer, il me trouvera quatre bonnes raisons pour donner tort au cargo; il
est vraiment gentil le Sam!!! Et c’est à trois bateaux cette
fois que l’on reprend la mer.
A Adra et Motril nous avons dû passer quelques jours
au port à attendre que le mauvais temps passe. Cela nous a donné
l’occasion de rencontrer d’autres bateaux faisant la même
route, vers le SOLEIL.
Et voila que le Miri tombe amoureux d’un
trimaran "Borvo"! Depuis ils n’arrêtent
plus de se suivre l’un l’autre; dans les ports, c’est bord
à bord qu’ils s’embrassent. Pour tout dire chez "Borvo";
ils sont SUPER SYMPA!
C'est ainsi qu’à Malaga,
le trio a fêté un triple anniversaire : chez Sam
: c'est l’entrée; chez Borvo : c’est
le gigot et chez Miri : le saint honoré
avec 28 bougies à souffler A TROIS C’EST FACILE !!!
Vivement que l’on soit à Gibraltar, que l’on soit sorti
de cette mer Méditerranée, décourageante pour la voile.
Soit, on fait du moteur ou alors le vent est variable, et quand ça
souffle un peu fort, cela donne une mer courte et cassante.
On prend la mer a trois, Pierre, Mireille et Baby, pour les dernières
étapes, puisque Vincent est rentré en Belgique avec quelques
jours de retard d’ailleurs.
Arrivés à Europa point devant Gibraltar, on doit mettre le moteur
car le vent est tombé. Mais voilà que Mireille me prévient
que le moteur chauffe à plus de 100°, on entend l’eau qui
bout. La pompe a eau ne débite plus rien. Nous voila sans moteur, sans
vent et avec un courant qui nous pousse dans le détroit.
Il y a beaucoup de trafic par-là, et un yacht américain, à
qui ont à fait des signes, se déroute pour nous venir en aide.
Je rassemble mes cinq mots d’anglais pour faire comprendre que je suis
sans moteur. Et c’est en faisant de grands sourires à Barbara
que "Panaceria" nous remorquera jusqu’à
Gibraltar.
Le lendemain, petit déjeuner chez Borvo,
ensuite on remorque Miri pour qu’il soit
à couple de son trimaran et puis c’est toute l’équipe
de Borvo qui se retrouve penchée sur le
moteur; pendant que Mireille est partie chercher une grande boite de Mackintosh
pour "Panaceria".
On m’avait dit que Gibraltar était la ville la plus vilaine après
Charleroi, et c’est vrai! Mais c’est une escale folklorique. Beaucoup
de bateaux s’arrêtent là, chez les Britishs, avant de passer
en Atlantique. C’est un peu le Grand Rendez-vous!
Et puis un tas de gens attendent là pour embarquer comme équipier
c’est ainsi que nous embarquerons Yannick, un compagnon de route pour
les Antilles représentait ce qu’on peut de mieux comme équipier.
Après avoir fait le plein en alcool, cigarettes (free taxe), nous voila
repartis!
Mais pas bien loin puisque nous nous arrêtions à Tarifa,
au milieu du détroit, pour caréner.
A l’entrée du port, le vent forcit et nous rend la manoeuvre de
port difficile. On manque encore de plier nos barres de flèches; ce ne
sera jamais que la quatrième fois! Le vent se maintiendra pendant cinq
jours, ce qui nous rend la sortie du port dangereuse, voir même impossible,
à ce qu’en disent les pêcheurs.
Sur le quai on doit tenir Barbara qui ne peut pas contrôler ses mouvements
et risquerait de voler à l’eau, c’est le cas de le dire.
Nous ne pouvons pas caréner là, les frais étant trop élevés,
et puis il y a les frais de port pour lesquels on nous demande des sommes astronomiques
(par rapport au budget que l’on se donne).
Le premier jour on renvoie l’officiel sous prétexte que l’on
n’a pas d’argent. Il revient deux jours après, on tente de
lui expliquer qu’il nous est impossible de payer de tels frais, mais il
ne veut rien entendre. On l’introduit alors dans le bateau, on sort une
bouteille de vin qui a tourné spécialement réservé
aux douaniers.
Je lui sers un verre et un pour l’équipier; moi je ne bois jamais;
on lui fait visiter le bateau, encore un paquet de cigarettes et voila que l’on
ne payera qu'un seul jour sur les cinq OUF!!
On était content de quitter ce port qui ressemble à une caserne,
vous dire SI J’AIME CA !
A Tanger, il y a une vingtaine de voiliers
y faisant escale avant les Canaries. Nous retrouvons "Borvo"
auprès de qui on se met à couple. Nous sommes contents d’être
à Tanger. Plus qu’à faire les formalités d’entrée,
toujours un peu pénible au Maroc, le bateau est fouillé de fond
en comble; ensuite nous ferons connaissance avec nos collègues bateaux.
Vers sept heures du soir, je suis appelé à l’immigration.
Le commissaire veut que je quitte le port sur-le-champ : J’ai introduit
au Maroc, une personne sans passeport (Yannick),
je suis donc frauduleux. Après de longues palabres, j’arrive à
prolonger le délai jusqu’au lendemain matin.
Mais voila que le lendemain cela reprend de plus belle. Après que je
lui ai dit que s’il était le chef à terre ; moi, j’étais
chef sur le bateau; c’est donc à moi qu’il convient de décider
quand je peux partir.
Ils décident alors de consigner le bateau, personne ne peut descendre
à terre. Nous avons contacté le consul de France par une radio
VHF sur un bateau voisin. Le consul était à bord du Miri une heure
plus tard. Il a fallu cinq jours pour dégeler la situation. En attendant,
c’était les bateaux voisins qui nous rapportaient nos courses,
quant à nous, nous faisions le tour d’un bateau à l'autre
afin de se changer les idées.
Ceci sans jamais descendre à terre, des gardiens nous surveillaient en
PERMANENCE!
Yannick a enfin reçu un laisser passer pour pouvoir quitter Tanger d’une
autre manière que celle dont il était entré. Depuis on
l’attend TOUJOURS : LUI ET SON PASSEPORT!
Nous sommes restés un mois et demi à Tanger, ce fut notre escale
la plus longue jusqu’ici et même peut être la plus sympathique.
Le slip étant trop cher, c’est le chef du personnel de manutention
qui nous donna le personnel et le matériel afin de mettre le bateau à
sec, pour le nettoyer avec la marée.
Ensuite, il nous procura (toujours gratuitement) eau et électricité
pour le restant de nos jours à quai.
Le capitaine de port est une personne très gentille (même un peu
plus que ça). Il nous a invité quelque fois chez lui. Un dimanche
nous sommes allés (avec Sam) à sa ferme. Là nous avons
pu faire une ballade à cheval dans la campagne. En décembre, c’est
le printemps ici au Maroc, tout était vert et plein de vie. Le capitaine
nous a offert un déjeuner sur l’herbe. Cette journée nous
a un peu changé de nos bateaux.
Quelques jours plus tard, j’étais en train de discuter dans son
bureau de je ne sais plus très bien quoi, lorsque arrive sur le tapis
le problème des pièces pour la réparation des haubans,
enfin arrivés à Gibraltar. Cela fait bientôt deux mois qu'on
les attendait.
Je ne peux pas aller à Gibraltar à la voile, si j’ai bon
vent pour aller, il me faut attendre qu’il tourne, pour revenir. En attendant,
j’ai des frais de port élevés à Gibraltar, lorsque
à Tanger, cela ne coûta rien.
- Prends l’hydroglisseur; pars au matin et reviens au soir,
- Oui, mais cela coûte 1900 Frs (belges)!
-Attends,
Il prend son téléphone: -Préparez-moi un aller retour
Gibraltar. Mettez-le seulement à mon nom!
On ne sait pas comment remercier des gens comme ceux-là, peut être
en gardant leur souvenir, car c’est grâce à eux que leur
pays nous paraît aussi beau!
Nous avons été invités à manger un couscous dans
une famille marocaine, c’est bien le meilleur couscous mangé jusqu’ici,
il avait été roulé avec les mains, et ça se mange
à la cuillère, tous dans le même plat.
Avant ça on avait servi du thé vert et noir à la menthe,
dans un service en argent, cela avec des biscuits typiquement marocains. Nous
avons encore été invités par cette même famille quelques
jours plus tard, mais cette fois nous avons décliné l’invitation,
il était temps pour nous de songer à partir. Il commence à
faire trop froid et nous ne voulons pas passer l’hiver ici. Le bateau
était prêt: nettoyé sous la flottaison, le pont repeint
et puis un tas de détails, changements et accommodations d’accastillage.
Mireille avait fait les retouches aux coutures des voiles ainsi que le plein
une tonne et demi dont 120 bocaux stérilisés.
Tanger à Arrecife (les Canaries) | |
![]() |
Mais cela nous semble juste de partir à nous trois pour cette première traversée qui prendra plus ou moins six jours. Le problème est qu’il faut en permanence une personne avec Barbara et nous avons peur de ne pas récupérer les nuits passées. Et puis le fait de prendre la mer, donne un petit pincement au cœur, une sorte d’angoisse qui une fois quitté le port, disparaît. Le problème sera résolu
grâce à Jean-Pierre Neuvraumont
qui viendra nous rejoindre, il arrivera vers deux heures du matin et puis
pas seul, SURPRISE? Il y a Jean Braibant
qui l’accompagne, cette vielle branche, il marche à tous
les coups! |
Le premier jour nous naviguons voile et moteur afin
de s’écarter au plus vite de cette côte, malgré le
vent debout.
Le lendemain déjà le vent tourne au Nord et il passera progressivement
au Nord Est.
A la tombée de la nuit, je branche notre équipier le plus cher,
c’est Nestor, le régulateur d’allure, il barre sans se fatiguer,
ni broncher; quel soulagement de ne plus devoir barrer !
Le deuxième jour, on peut couper le moteur,
tout est presque parfait, le bateau marche tout seul et à la voile, il
fait relax ses six noeuds. Il y a juste nous qui sommes un peu barbouillés,
cela fait quelques temps que l’on avait plus pris la mer.
Le troisième jour
tout est bien, on prend son pied, il y a juste Jean-Pierre qui depuis le début
du voyage, souffre de maux de ventre, il passera une bonne partie du temps couché,
cela a dû être douloureux pour lui. Quand a Jean, on veut lui faire
prendre des quarts avec comme seule compagnie, cette houle d’atlantique
qui l’impressionne un peu.
Le quatrième jour, le ciel se dégage
cela nous permet de jouer un peu au sextant.
Nous avons fait depuis hier 160 milles et le bateau n’a pas eu l’air
de souffrir.
C’est une vraie locomotive Miri !
Vers la fin de l’après midi, nous pêchons un thon, cela fait
deux à trois repas assurés. Un peu plus tard, une belle dorade
que je laisse se décrocher en voulant la sortir de l’eau. Stupide
que je suis ! Ces poissons là il ne faut jamais les sortir de l’eau
sans les avoir harponnés au préalable.
Il nous aura fallu quatre à cinq jour pour atteindre les Canaries, ce
qui est rapide, en plus nous avons fait une navigation relax et sans problèmes.
Jean et Jean-Pierre sont rentrés à temps pour Noël comme
prévu.
Nous aussi nous fêterons Noël en famille, Père Noël n’a
d’ailleurs pas oublié Baby qui fête pour la première
fois Noël avec nous. Au soir, nous mangeons du lapin aux airelles (airelles
stérilisées à Bruxelles), mais aux yeux de Baby, le lapin
restera à jamais que du poulet. Le jour de Noël, nous nous mettons
en contact avec la famille Clabots (famille de Pierre), réunie pour la
fête de Noël, on reçoit confirmation que la maman viendra
passer quelques jours avec nous fin janvier
Et Luc (frère de Pierre)
passera les vacances de Pâques avec sa famille sur le bateau.
![]() |
Nous sommes donc à Lanzarote
jusque fin janvier et nous ne quitterons pas les Canaries avant fin avril.
L’après midi de Noël, nous le passons avec le seul autre bateau
ici au port d’Arrecife, il s’appelle
"Sandessi" c’est un couple hollandais
bien sympathique.
Entre Noël et Nouvel An, on jouera aux touristes, nous louerons une voiture
et visiterons l’île de Lanzarote, elle est très jolie malgré
qu’aride, caractérisée par ses volcans.
Nous rencontrons Gordon, un anglais
qui a perdu son Dufour 35, écrasé sur les récifs au Nord
de l’île, il y a une dizaine de jours. Gordon viendra plusieurs
fois à bord par la suite, il est cinéaste de métier, c’est
un gars épatant et plein d’imagination. La perte de son bateau
ne lui a pas enlevé son ambition
Peut-être ferons-nous un bout de chemin ensemble, cela nous changerait
de faire du cinéma avec le Miri. Après la nouvelle année,
on se décide à se mettre au boulot:
Remplacer les lignes de vie, employées comme hauban provisoirement, rajouter
à l’étai un ridoir, l’entretien du moteur, nouvelle
retenue de barre etc etc –
Notre courage tiendra pendant une bonne semaine, de quoi faire les choses essentielles
pour le bateau, ensuite on décide de se tenir pénard.
Depuis le début du voyage, nous travaillons beaucoup sur le bateau, il
ne nous est pas arrivé une escale où nous ne passions pas plus
de la moitié de notre temps à entretenir ou réparer Miri.
Mais je crois que c’est normal, au début il faut apprendre à
connaître son bateau, le mettre à sa main, on veut le voir parfait.
Et puis, j’ai encore un peu cette déformation du boulot, mais ça
commence à me passer depuis que nous sommes aux Canaries, je commence
à me rendre compte que quand on veut un bateau en acier, on doit supporter
quelques taches de rouilles. Depuis le bateau ne ’en porte pas plus mal
et moi tellement mieux et puis demain c’est un autre jour.
Tout comme à Tanger, on se rend compte qu’ici a Arrecife, il faut
une quinzaine de jours d’escale avant d’avoir trouvé les
habitudes du pays et de se faire quelques relations.
Contrairement a ce qui était prévu au départ, nous pensions
faire des escales bien plus longues; il faudrait être bête pour
ne pas prendre son temps puisque nous ne sommes pas pressés et que rien
ne nous attend.
Dans l’avenir, nous ferons le moins de programme possible, puisqu’on
ne les respecte quand même pas et qu’en faisant un programme on
crée ses propres contraintes, cela n’est pas harmonieux avec l’esprit
de liberté que dégage un bateau.
Nos rencontres les plus intéressantes à Arrecife, sont Karrek-Ven
ou “l’école sans tabliers”, c’est un vieux thonier
de plus ou moins 22 mètres, très joli et à bord duquel
vivent quelques huit adolescents; qui ne marchent pas dans le système
classique de nos écoles. Léo qui a monté cette histoire,
les considère pour ce qu’ils tentent d’être DES ADULTES!
Tout le monde prend ses responsabilités sans qu’il n’y ai
un chef pour autant, ils sont tous très franc, très ouvert.
Nous avons partagé quelques fois nos repas (et bien d'autres choses encore),
c’est ainsi que Mireille a préparé des pâtes fraîches
en se faisant aider par toute la bande.
Un autre jour, ils ont invité tous les bateaux de plaisance à
manger des poissons reçus des pêcheurs, nous étions vingt
sept à bord. C’était comme une grande réunion de
famille, pas une de celle où l’on s’ennuie.
Nous rencontrons aussi pas mal de touristes qui sont de passage sur l’île,
et viennent voir les bateaux. Parfois, on sympathise, c’est ainsi que
l’on a rencontré Heins, il a un combi Mercedes et propose de vous
montrer l’îlot.
Le premier jour, il nous invite à dîner au sud de l’île
avec ses amis grecs et Norvégiens. Le lendemain à faire du Hobby
cat. Nous avons aussi chaulé l’intérieur de sa petite maison,
au nord de l’île, quand on est plusieurs, ça va vite et puis
quelle fête après; Heins nous
avait préparés à souper, sur le feu ouvert dans son jardin.
Heins est architecte allemand, il est sur l’île pour quelques temps,
il construit un lotissement sur des salines désaffectées. C’est
un garçon sentimental et dynamique, je crois que l’on se reverra,
car pour nous il était déjà devenu un AMI.
Maman Clabots est arrivée comme prévu le 25 janvier, avec elle,
nous avons visité l’île au nord les grottes Los Ventes, au
centre Geria, des champs de terre noirs où les habitants cultivent des
vignes, au sud El Golfo, un cratère comblé d’une eau verdâtre,
et puis le tour des volcans. Ce dernier est assez impressionnant de par sa quantité
de petits volcans.
Ces quelques jours à Arrecife, donnerons à maman, l’occasion
de se familiariser avec le milieu bateau. Pour Barbara ce n'est pas pareil,
elle ne tient pas à se familiariser avec sa bonne maman, cela restera
pour quelques temps “Madame”, pour elle il n’y a qu’une
maman qui soit bonne: c’est Mireille.
En quittant Arrecife, nous sommes allés ancrer au sud de l’île
le paysage y était superbe. A peine ancrée, nous voila en route
avec le zodiac vers cette plage de sable jaune. Arrivés à 10 ou
15 mètres de la plage, je coupe le moteur et continue à la rame.
C’est alors que Mireille voit arriver un de ces rouleaux inattendus qui
nous retourne le Zodiac- comme une crêpe.
Barbara se retrouve dans les bras de sa bonne maman, qui la tient d’une
main et de l’autre mes lunettes, assise dans l’eau, le Zodiac sur
la tête.
On a vite fait de la dégager et puis de ramener tout à la plage.
On y perd toutefois les rames, quant au moteur n’en parlons pas, il est
plein d’eau et de sable.
C’est alors qu’on voit sur l’eau un autre Zodiac, plus grand,
avec quatre personnes et un moteur puissant.
Chouette il va pouvoir nous remorquer jusqu’au bateau. On lui fait des
signes, il se rapproche et voila que rebelotte, lui aussi, il se RETOURNE.
Heureusement leur moteur peut encore tourner, tous on rejoint le bateau, là,
c’est Whisky, thé, polos avec effigie "Clabots" pour
réchauffer nos quatre militaires venus nous aider.
Inutile de dire que le lendemain sera une journée spéciale séchage.
A Fuenteventura.
Un soir que nous étions sur la plage, le bateau ancré devant nous,
on entend appeler en haut de la dune: Pierre Mireille
C’est Robert et Catherine
du "Jonathan", ils ont passé trois
semaines à couple de nous à Arrecife. On aurait du les rejoindre
au mouillage de Playa Blanca.
- Salut, content de vous revoir. Où étiez vous avec le bateau?
- On a fait naufrage au sud de l’île.
- C’est pas vrai!
- Notre ancre a dérapé dans un petit coup de vent, et le bateau
s’est retrouvé sur les rochers, en moins de temps qu’il n’en
faut pour le dire.
Quand on vous dit ça, c’est comme si on vous annonçait un
décès.
- Et le bateau est perdu? Qu’est ce qu’on peut faire?
- Il est ouvert de un mètre sur quinze et se rempli d’eau à
chaque marée. Un bull fait chemin afin que la grue puisse le sortir cet
après-midi. Ensuite on attend l'expert de l’assurance.
On pose encore milles questions; mais elles ne peuvent rien y changer, cela
fait mal de savoir "Jonathan" vautré
ainsi sur les rochers.
Nous venons d’arriver à Las
Palmas, où nous sommes ancrés. On a retrouvé
Alain et Dominique, et puis les Drion,
des Belges que l’on connaissait par amis interposés.
Après avoir enlevé notre courrier en poste restante, nous allons,
Mireille et moi prendre une bonne douche bien chaude au club nautique.
C’est EXTRA! Je me douche pour dix jours, tout mon savon y passe...
Demain je remets ça!!!! - -
Maman nous quitte déjà dans deux jours, nous resterons à
Las Palmas quelques temps. Il serait temps de penser a notre carénage
et puis Luc vient nous rejoindre au mois d’avril.
Moi aussi je vous quitte, tous les trois, nous vous disons au revoir et à
dans quelques mois pour la suite. Peut être??
PIERRE, MIREILLE ET BARBARA.