VENEZUELA

Iles des Testigos : la pêches aux requins et raies mantas

Une île et Chonchon et Nelly qu'on oubliera jamais

Chonchon est père de cinq enfants, il a deux barques de pêche munies de gros moteurs hors-bord. Ils vivent avec très peu de choses, dans une maison près de la plage. A cette époque de l’année, ils n’ont ni fruits, ni légumes, et ont même souvent des problèmes d’eau. Bien sûr, nous avons partagé notre ravitaillement de Grenades. Plus tard, j’apprendrai que Chonchon a le contrôle des Testigos Grande et est propriétaire de la presqu’île de cette dernière. Mais ce soir, aidé un peu par Zarouk et Vadrouille (2 bateaux), arrivés aux Testigos, ils me descendent une bouteille de Vodka et un litre de Rhum. Mais le lendemain matin à 4h30 du matin, Chonchon et ses fils, sont en pleine forme pour nous emmener, Francis et moi, à la pêche aux requins. Le premier travail : retrouver les lignes posées la veille dans l’après-midi.

Sur la route, José (fils de Chonchon) voit une tortue, on détourne la barque, et on l’arrête. José s’attache à la ligne de mouillage et je le vois disparaître à plus de 10 m de profondeur, après une tortue pour moi imaginaire, car je ne l’ai toujours pas vue. Il remonte peu après avec une tortue d’un bon mètre de diamètre entre les mains. Malheureusement, elle s’échappera en la remontant à bord. Nos deux premiers poissons ne seront pas des requins, mais des raies, en réalité de la famille du requin. C’est très spectaculaire, la raie fait 1 m 50 de large pour 2 m de long. Après l’avoir ± assommée à coups de bâton sur la tête, Chonchon qui jusque là avait laissé l’initiative à son fils, vient à l’aide. La raie est collée par deux cordages munis de crochets en fer à béton, contre le bateau. Il se penche par-dessus bord en se tenant de la main gauche. De la main droite, il attrape la queue qui est munie de deux aiguillons de 15 cm chacun. Ils sont d’un danger mortel. Il libère alors sa main droite en mettant le bout de la queue en bouche, pour prendre son couteau et sectionner à ras du corps.
Ensuite il regarde la queue avec satisfaction et la jette à l’eau avec un air soulagé. Maintenant, on peut remonter, la bête pas contente à bord. Le suivant était un requin de sable ou requin dormeur. Il faisait un peu plus d’un mètre, et était bien réveillé, car il bougeait beaucoup, mais ils ne sont pas bien dangereux. Nous avons encore pêché deux requins marteaux, ils étaient à moitié inconscients, car une fois pris dans la ligne ils ne peuvent plus nager, et n’ont plus que le courant pour s’oxygéner.

Le plus grand des deux avait la taille de trois mètres, et était déjà entrain de se faire bouffer par d’autres requins. Les mâchoires se présentent sous forme de demi-lune faisant environ 30 cm : nous sommes retournés une autre fois à la pêche aux requins, cette fois, nous avons entre autres pêché un requin tigre de 250 kg. Il faisait plus de 3,5 mètres, c’est vraiment une bête énorme à mes yeux. Comme il y avait beaucoup de courrant ces jours là, nous avons eu difficile à l’assommer et le remonter. Les pêcheurs étaient contents, grâce à ce requin tigre la barque était pleine et la journée bonne. De retour à Testigos Grandé, on débarque les bêtes sur la plage pour les dépecées. C’est là encore tout un art. En souvenir de cette journée, Chonchon me donne la tête du requin tigre pour en récupérer les dents.

L’après-midi, José partira à Carupano, vendre ce poisson fort apprécié au Venezuela. Les ailerons quant à eux sont séchés et vendus à des Japonais qui les utilisent pour une cuisine aphrodisiaque.

Barbara a retrouvé sa copine Sabrina (Zarouk) avec Toto (de Cephalu) ils font un trio inséparable. C’est donc tous les jours et toute la journée qu’ils partent ensemble. Nous faisons les mêmes routes ce qui donnera contrairement - aux Antilles, plus l’occasion aux enfants d’être ensemble. Entre adultes, nous faisons beaucoup de plongée, et chasse marine. D’une part par sport, également pour regarder, et puis surtout pour se nourrir, car il y a beaucoup de poissons ici. Un jour, j’étais allé chasser seul, je sens tirer sur le flotteur que je traîne à 25 mètres derrière moi, et où j’avais accroché mes poissons tirés au premier à bord je croyais qu’il était passé dans la zone du courant, mais en tirant-il restait accroché. Par précaution je tends le deuxième sandow de mon fusil, et je vais voir, arrivé à six mètres j’ai aperçu une bête qui faisait bien ma taille, le manque de clarté m’a empêché de la reconnaître. Aussi, je me suis dépêché de rejoindre mon zodiac. Après j’ai pu récupérer mon flotteur où il me restait plus que la moitié de ma pêche. J’ai aussi passé pas mal de temps à aider les pêcheurs à réparer leur groupe électrogène ou à faire des nouvelles pièces pour le fusil de Chonchon.

Avant notre départ, Chonchon veut organiser une grande fête sur la plage où il invite tous les bateaux. Au matin je pars avec lui abattre un cabri dans la montagne pendant que Francis et José chassent une quinzaine de magnifiques langoustes. Des bateaux, nous apporterons vin, alcool, sauces, des salades, du riz, des légumes, des gâteaux, etc...
Nous faisons un grand feu sur la plage, et que la fête commence. La mama chante accompagnée de son mari (Chonchon) et son fils à la guitare, c’est magnifique. Nous sommes environ 50 personnes et cette terrible fête continuera jusque très tard dans la nuit. Au lendemain de cette fête, il n’y avait plus une goutte d’alcool à bord du “Miridrouchba”, et chose étonnante, cela ne nous empêchera pas de passer encore de très bonnes, si pas meilleures soirées avec Chonchon à bord du Miri. Cette escale prévue de quatre jours est devenue trois semaines, et Brigitte (notre équipière) a pris un sérieux retard pour le Mexique. Mais elle ne regrette rien, car elle a lié une réelle amitié avec José le fils de Chonchon. Il est temps pour nous de quitter Testigos, car depuis notre arrivée, les bateaux n’ont fait qu’affluer et nous sommes plus de trente à présent, ce qui est trop pour nous.
Nous disons au revoir à la famille Chonchon, dont nous avons plein de leçons à recevoir. Ces gens ont l’air d’avoir besoin de rien, ils ne nous ont jamais rien refusé durant ce séjour, et ne nous ont jamais parlé d’argent.
Chonchon qui connaît les techniques modernes, pourrait industrialiser sa pêche et gagner plus, mais deux sorties par semaine suffises...

       
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Marguerita, officiellement notre port d’entrée au Venezuela, est une vraie poubelle. Porlamar, sa plus grande ville est d’un style Américanisé, grande froide, et seulement commerciale, les habitants portent chapeaux et jeans, ils me font penser à des cow-boys, seulement le cheval est remplacé par une Chevrolet W8 à larges gentes. Inutile de dire qu’on ne s’y est pas éternisé. Juste le temps de faire un plein de gasoil, (la seule chose bon marché au Venezuela, tenez-vous bien 4FB le litre lorsque l’Evian est à 95 FB la bouteille) et nous voilà partis pour la petite île de Cabagua. Elle est d’un décor désertique. Nous y restons deux jours le temps d’une plongée, mais nous ne sommes pas des pêcheurs de la classe de Chonchon car en remontant une raie de 70 cm, on lui a laissé donné un coup de queue qui a crevé le nouveau zodiac de Zarouc. Notre prochaine escale fût Cumana. En cours de route, le vent tombe, pour la première fois dans les caraïbes, il nous est nécessaire d’avancer au moteur par manque de vent. Le Venezuela est un pays très riche dans ses sous-sols, (pétrole, diamants, cobalt), et en pleine expansion, on y remarque aussi des grandes différences de classe. Quant aux lois, il y en a tellement, qu’on ne les observe plus. Résultat, tout est possible à condition de payer. Dans le cas contraire, on y trouvera toujours un arrêté une loi pour vous mettre en défaut. Cumana est la seule ville que nous ayons visitée au Venezuela. A part quelques quartiers résidentiels, elle est comme la plupart des villes du Venezuela, sale, sans hygiène. Les services de voirie sont inexistants, dans la plupart des quartiers. Le centre ville est par contre sympa et nous sommes contents d’y trouver un grand marché pour nous y ravitailler.
Notre première rencontre fut Yves Chabaud, un français bien sympa. Après avoir appris mon nom, il me signale avoir remis à la poste restante, une lettre qui nous était adressée et qu’on lui avait remise par erreur. Plus tard l’employé des postes avouera l’avoir jetée parce qu’elle avait été ouverte. Les services postaux marchent mal au Venezuela, on se demande vraiment pourquoi. Brigitte qui s’est pourtant découverte une vocation de marin, a décidé par manque de temps, de poursuivre son voyage pour le Mexique par avion. Yves nous a présenté une copine belge de Bruges. Ensuite et grâce à eux, nous sommes entrés en contact avec d’autres Vénézuéliens, Argentins et Colombiens. La journée nous faisons des achats en ville et au marché. Mireille stérilise de la viande, fait des confitures aux ananas, et prépare le bateau à repartir dans les îles.
Le soir par contre c’est la fête, soit sur le bateau, soit chez les Vénézueliens, Yves est un vrai troubadour, il joue de la flûte traversière, de la guitare, du banjo, et chante des chansons qu’il compose. Agbway, un bateau américain vient d’arriver. Il y a à son bord Colin, 4 ans, un nouveau copain pour Barbara.

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